Surnommé «l’assureur des footballeurs», Jean-Pierre Bula a su mêler avec bonheur son métier et sa passion.
Il a débuté comme marmiton avec son petit frère, dans les cuisines du restaurant tenu par ses parents. «Ma mère, française, était en cuisine et mon père, suisse, au service.» Lui voyait passer les plats de cuisses de grenouilles et d’huîtres. C’était pourtant au pays de la saucisse, à Morteau, dans le Doubs français. La sauce n’a pas pris, mais Jean-Pierre Bula ne se doutait pas que des dizaines d’années plus tard, il répéterait le modèle familial. Devenu assureur après un parcours joliment diversifié, il a aujourd’hui sa propre agence, où il travaille avec son fils Raphaël et sa fille Carole. «Il a quand même fallu que j’attende mon troisième métier pour trouver vraiment ce qui me plaisait: le contact avec les gens. Mais je commence néanmoins à lever le pied», avoue-t-il.
Lever le pied? A 68 ans, il pourrait, mais ce n’est pas le genre du bonhomme, celui que l’on surnomme volontiers à Genève «l’assureur des footballeurs». Sa passion pour le ballon rond – il fut joueur lui-même – l’a en effet entraîné dans maintes aventures. Dont celle du journalisme sportif. Il fête d’ailleurs ce vendredi les 40 ans jour pour jour de sa première pige, «un article sur les bienfaits du sport sur le plan cardiaque», se remémore-t-il en compulsant ses archives. Il était paru dans la défunte Semaine Sportive.
288 interventions matinales
Portrait type de l’autodidacte et de l’hyperactif, Jean-Pierre Bula se devait de se lever tôt pour conjuguer son métier et sa passion. Au propre comme au figuré. Chroniqueur à Radio Plus dès 1984, il y a assuré le flash matinal «à 7 h 07 précises, se souvient-il. En tout, 288 interventions matinales!» Il a aussi écrit, notamment, pour Le Courrier, Foot hebdo, Le Matin et bien sûr la Tribune de Genève. «Je couvrais parfois quatre matches durant le week-end. Et à une époque, ma femme, Christiane, venait avec moi et s’occupait ensuite de récolter les résultats des matches genevois, pour le compte de la Semaine Sportive.»
Son épouse, «une Prévôtoise», dit-il (lisez: native de Moutier), il ne l’a pas rencontrée au bord de ces terrains de foot qu’il aime toujours arpenter. C’est à La Poste, à Genève, qu’ils se sont connus. Voilà qui nous ramène au parcours pluriel de notre habitant de Bernex. «Après avoir tenu un autre restaurant à Besançon, mes parents sont finalement venus en Suisse en 1959, à Yverdon. Moi, je ne voulais pas étudier. Je suis entré à La Poste.» Yverdon, Fribourg, Augst (Bâle-Campagne) et enfin Genève, dès 1965. Il devait rester un an au bout du lac, il ne le quittera plus. Au contraire de son emploi…
«Il faut que ça avance!»
C’est le football, encore, qui lui permet de rebondir. Après un passage à UGS, «mon club de cœur avec Yverdon», où il est prêté par Yverdon durant trois ans, l’attaquant rejoint le CS Chênois. «Un transfert à 500 francs, s’amuse-t-il. Le président de l’époque cherchait un employé de bureau pour son entreprise. J’ai sauté sur l’occasion, c’était mieux payé qu’à La Poste… Et j’ai fini fondé de pouvoirs!» Avant de foncer vers son dernier métier, les assurances: «J’ai débuté à la Nationale, le 1er mai 1984». Entre-deux, il y a eu la création du FC Grand-Lancy Poste en 1970.
Cette variété de genre ne pouvait déboucher que sur la création, encore une et cette fois avec l’humoriste Thierry Meury, du… FC Variété, en 1993, qui regroupe artistes, anciens footballeurs professionnels, gens du showbiz… Jean-Pierre Bula en est aujourd’hui le manager. C’est tout? Non, celui qui est quatre fois grand-père fut aussi batteur, dans ses vertes années, au sein de petits groupes à Yverdon et Fribourg. «Malheureusement, ça ne pouvait pas durer, ce n’était pas compatible avec le foot de bon niveau», lâche-t-il.
Mais quand s’arrêtera celui qui s’offre désormais quelques plages de repos du côté de Chypre? «Je ne sais pas. Il faut profiter de la retraite, me dit mon épouse. Mais avec moi, il faut que ça avance!» Sa carrière prouve qu’il est passé de la parole aux actes. «Pour un petit facteur, je me suis bien démerdé, non?» Sourires. (TDG)
Source : Tribune de Genève